underground – chapitre 23 l’explication

  • Vous restez stupéfaite. Anaïs, qui passe toujours devant vous sans vous regarder (du moins, pas ouvertement : un peu comme si elle n’en avait rien à faire de vous), se tient là devant vous vous détaillant du regard et attendant manifestement une réponse.

    • Alors ?– insiste-t-elle.
    • Je… euh… je me …

     

    Argh !!! Les mots de Cara en sortant de la salle vous reviennent en mémoire « surtout tu n’en parles à personne, compris ? » 

    Et là, à quelques mètres à peine de votre délivrance, Anaïs est là et vous pose la question qu’il ne faut pas. Pourquoi n’est-elle pas passée comme d’habitude, en feignant de ne pas vous avoir remarquée ?

    Vous n’avez pas eu le temps de vous préparer à la question fatidique ni de trouver le moindre début de réponse, qui soit un minimum crédible. Vous parcourez frénétiquement du regard la salle devant vous, vous cherchez vos mots, commencez à paniquer intérieurement. Et votre tête qui vous fait encore plus mal qu’à l’instant !! Rien n’est fait pour vous aider… 

     

    Vous déglutissez péniblement et croisez de nouveau le regard inquisiteur d’Anaïs. Et là, vous prenez conscience du spectacle que vous offrez : les cheveux en bataille, la lèvre fendue, le visage tuméfié (vous aurez un gros bleu sur le haut de la tempe gauche, c’est ça de ne pas avoir de bons réflexes, surtout face à Cara !), les vêtements maculés de sueur et de sable… vous devez faire peur à voir ! Pas étonnant qu’Anaïs vous ait aussitôt remarquée et se soit intéressée à vous… Qui ne serait pas intrigué à votre vue ?

     

    Votre tête tourne de plus en plus, vous avez l’impression que vous allez vous évanouir. Anaïs vous attrape par le bras, vous arrachant un cri de douleur : elle a posé sans le savoir la main sur un point sensible.

    • Ca ne va pas ? Tu veux t’asseoir peut-être ?

     

    Vous vous asseyez en vous adossant au mur, avec son aide, pendant que quelques personnes se rapprochent et commencent à vous entourer.

    Vous commencez à manquer d’air, le temps que vous avez passé en bas avec Cara semble avoir duré une éternité et vous a littéralement éreintée. Et surtout, vous n’avez pas de réponse, mais si vous ne dites rien, vous allez attirer les soupçons de l’assitance, d’Anaïs en premier lieu… Et si Cara vous a demandé de garder le silence, vous devez vous y tenir quoi qu’il en coûte…

     

    Cette fois, vous paniquez pour de bon, vous avez l’impression que vous allez faire un malaise, vous avez du mal à respirer. Qu’est-ce que vous allez bien pouvoir leur dire ?? 

    Le silence est oppressant. Les regards vous scrutent comme s’ils vous passaient aux rayons x. Le pire étant celui d’Anaïs. Vous savez qu’elle ne loupe jamais le moindre détail, tout en donnant l’impression de douter de tout…

    Soudain, machinalement, sans savoir pourquoi, vous lachez :

    • Je suis tombée…

     

    Une vague rumeur commence à circuler. Devant ces murmures, votre panique amplifie : c’est vrai, comment le fait de chuter aurait pu vous mettre dans un tel état ? Vous avez l’impression de perdre pied et tout se met à tourner un peu plus autour de vous. 

    Puis vous ajoutez avec un certain malaise, dû au temps que vous avez pris pour compléter votre phrase :

    • … dans un puits.