underground – chapitre 29 le réveil

Vous vous laissez glisser du lit, et finissez tant bien que mal par arriver jusqu’à la porte, mi à quatre pattes, mi en rampant, au fur et à mesure que votre corps s’engourdit.

Vous avez de plus en plus de mal à ressentir les différentes parties de votre corps, qui vous faisaient pourtant un mal de chien un instant auparavant, et vous éprouvez de plus en plus de difficultés à les faire bouger. Vous tentez de crier pour appeler à l’aide, mais votre bouche s’ouvre difficilement pour ne laisser échapper aucun son.

Votre tête est de plus en plus lourde également, vous avez du mal à garder les yeux ouverts.

Juste au pied de la porte, vous faites un énième effort pour ouvrir les yeux et tendre le bras en direction de la poignée, mais votre corps refuse obstinément de vous permettre d’effectuer vos mouvements à 100 %.

 

A mi-chemin entre le sol et la poignée de la porte, votre bras retombe soudain comme un morceau de chiffon et vous vous écroulez à sa suite, incapable de contrôler quoi que ce soit.

Et puis, c’est le noir total.

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Vous ignorez combien de temps a bien pu s’écouler depuis l’instant où vous avez sombré.

Quand vous reprenez conscience du monde qui vous entoure, vous commencez par vous assurer de bien habiter de nouveau votre corps, en faisant de tous petits mouvements avec les doigts des mains, les orteils, puis progressivement vous vous mettez à remuer doucement vos membres endoloris encore en sommeil.

Une douleur sourde au niveau de la pommette sur laquelle repose tout le poids de votre tête contre la pierre du sol se fait soudain sentir, intense. Mais lorsque vous amorcez le mouvement de soulever votre tête pour la décoller doucement du sol, une décharge retentit depuis la base du crâne comme un éclair et se met à déferler dans toute votre tête.

 

Aaaaaaaaahhhhh !

 

Vous vous attrapez le crâne de vos deux mains en gémissant de douleur, tout en vous recroquevillant sur vous-mêmes au sol. Vous n’avez jamais connu douleur pareille ! Vous avez la sensation que des milliers d’aiguilles transpercent chaque micro-millimètre de la surface de votre crâne, en même temps qu’un marteau tape sur une enclume de manière répétée dans vos tempes pour se propager et ricocher sur les autres parois de l’os crânien.

 

Bordel, mais qu’est-ce qui m’arrive ! 

 

Vous avez du mal à réaliser où vous êtes, qui vous êtes et ce qui se passe autour de vous, la seule chose dont vous soyez sûre à cet instant, c’est de la douleur cuisante qui vous mitraille la tête.

 

Vous n’arrivez pas à réfléchir posément, vous ne savez plus ce que vous avez fait, ni ce qui a bien pu vous mettre dans cet état. Avec un gros gémissement de douleur, vous vous redressez pour venir vous asseoir dos contre le battant de la porte. Vous ouvrez et refermez vos yeux par intermittence, la lumière crue qui vous entoure ne faisant qu’accentuer encore davantage la douleur qui vous retourne la tête.

Vous finissez petit-à-petit par remettre les choses dans leur contexte, à la manière des pièces d’un puzzle.

Le lit, ça signifie une chambre.

Des vêtements sales et en boule par terre, près d’un sac-à-dos… le vôtre.

Votre chambre…

Des pots de terre posés près du lit…

Tout doucement, les choses s’imbriquent, vous arrivez avec les plus grandes peines du monde à retracer le fil de ce qui s’est passé, juste avant le trou noir et ce foutu mal de crâne !

Une flaque de vomi au pied du lit à un mètre à peine de vous… Cette vision suffit à vous renvoyer à l’instant même où vous veniez de vous asseoir au bord du lit. Et un nouveau haut-le-cœur vous reprend instantanément.

 

Mais ce n’est que de la bile qui sort cette fois, vous n’avez rien mangé depuis des lustres, vous êtes éreintée, à bout de forces… il vous faut trouver de l’aide, d’urgence !