underground – chapitre 30 Déambulation

Vous rassemblez les quelques forces qui vous restent encore, bien cachées dans un recoin de votre corps, et réussissez à vous mettre péniblement debout.

 

Ce mal de crâne est intenable et vous ne vous sentez pas la force de lutter contre lui. Aussi, pour éviter de tomber à nouveau, vous vous accrochez à la poignée de la porte, que vous actionnez par la même occasion. Sans réussir à vraiment coordonner vos mouvements, vous parvenez à entrouvrir le battant de la porte d’un espace suffisant pour la contourner avec votre corps et vous retrouver dans le couloir.  

Là encore, vous vous agrippez au mur pour ne pas tomber, vos jambes flageolantes vous portant à peine, et avancer en direction du Sanctuaire. Vous priez de tout votre être pour que quelqu’un vienne à votre rencontre et vous aide. N’importe qui !

 

Mais comme par un fait exprès, vous ne rencontrez pas âme qui vive lors de votre très lente et pénible progression. Vous commencez à ne vraiment plus en pouvoir, et ce martèlement dans votre tête qui n’en finit pas ! Le couloir tourne encore légèrement autour de vous, vous avez le tournis, vous ne savez pas jusqu’où vous pourrez bien aller comme ça… ni à qui vous adresser !

 

La salle où vous avez l’habitude de rencontrer Driss est située tellement plus loin dans le méandre des galeries que les bras vous en tombent rien que d’y penser, vous ne tiendrez jamais jusque là !

Votre ventre se met à grogner de manière sourde. Oui, je sais… – pensez-vous vaguement.

Mais l’urgence n’est pas de manger. Il faut plutôt trouver de l’aide, n’importe laquelle. Quoique… dans votre état manger serait peut-être un bon point de départ pour aller mieux… et boire, vous avez la bouche tellement sèche !

Et là, vous avez une illumination ! Rita et sa cuisine !

 

Sans perdre une seconde de plus à tergiverser, vous bifurquez en direction de la pièce qui lui sert de cuisine. Ce sera bien plus près que de déambuler jusqu’au repère de Driss…

Et puis, vous venez juste de vous dire, aussi chaotiques que vous le permettent vos pensées à cet instant, que vous n’avez aucune idée de l’heure qu’il peut bien être… alors ce n’est pas dit que vous rencontrerez quelqu’un tout court sur votre chemin. Au moins, dans la cuisine de Rita vous pourrez toujours trouver quelque chose à vous mettre sous la dent… Et vous expliquerez la situation à Rita plus tard. Vous trouverez bien un moyen de vous faire pardonner d’avoir été piocher ainsi impunément dans ses réserves… elle comprendra, vous n’en doutez pas.

 

Vous avez des crampes dans les bras à force de vous cramponner au mur pour ne pas tomber, et vos jambes flageolent un peu sous votre poids, mais vous avancez à un rythme raisonnable au vu de votre état.

 

Vous arrivez enfin à destination, et vous vous jetez sur le frigo à la recherche de la première chose qui vous tombera sous la main… vous raflez presque tous les ingrédients qui se trouvent à votre hauteur, les étalez sur la table et commencez à manger au hasard : des tomates, des cornichons, un morceau de poulet, des pâtes froides… peut vous importe, cette nourriture vous semble la meilleure que vous ayez jamais mangée depuis des lustres !
Vous avez super soif aussi, et un relan de goût d’acide gastrique vient tout de même perturber le goût tellement merveilleux des aliments que vous engouffrez dans votre bouche.
Vous attrapez maladroitement un verre, et arrivée devant l’évier, vous préférez carrément passer la tête sous le robinet pour y boire directement l’eau qui s’en échappe. 

 

Vous buvez à grandes lampées, vous ne pouvez plus vous arrêter. Bordel, qu’est-ce que ça fait du bien !!

 

Au bout d’un long moment, vous finissez quand même par relever la tête et pousser un soupir de soulagement. Vous remplissez votre verre avant d’arrêter le robinet et de vous tourner vers la table.

Votre tête tourne toujours, les marteaux-piqueurs sont toujours en plein concert dans votre tête, mais vous vous sentez bien mieux malgré tout. Vous faites un pas pour revenir vous asseoir à table, et votre ventre fait un sacré bruit d’eau sous l’impulsion du mouvement.

Vous pensez un instant avoir un nouveau haut-le-cœur, mais il n’en est rien. Oufff !!! Cependant, vous avez l’impression d’avoir mangé un éléphant entier, vous ne vous sentez plus d’appétit pour continuer le festin que vous veniez à peine de commencer.

Vos jambes sont lourdes, vous vous asseyez pour les reposer un peu.

Mais votre tête et vos paupières aussi sont bien lourdes à présent. Sans même vous en rendre compte, vous vous affalez sur le bord de la table, poussant les victuailles dans votre mouvement, dont certaines tombent à terre…