underground – chapitre 35 le dispatching

– Dispatcher tout ça ? – répétez-vous bêtement.

– Bah oui, ça ne peut pas rester là. On va emporter chaque tas aux personnes qui sauront quoi en faire. Tu veux nous aider ? Je te préviens, le trajet est long parfois !

– Pas de souci, je suis votre homme… enfin, tu as compris ! – ajoutez-vous avec l’esquisse d’un sourire.

– Parfait ! Alors…

 

L’homme qui vous parle se détourne vers un tas d’objets tout en vous expliquant que le but maintenant est de charger le tout dans divers contenants pour éviter de faire trop de voyages entre ici et leurs destinataires. Il vous montre des cuves plus ou moins profondes, des sacs en tissu tout élimé, et une brouette. A en juger par son aspect cabossé, elle a déjà dû pas mal servir, et vous demandez rapidement dans quelle mesure la roue qui est montée dessus est d’origine… Mais vous n’avez pas le temps de détailler plus ce qui vous entoure, car les autres ont déjà commencé à attraper des sacs, des cuves pour y entasser le plus d’objets possibles et certains commencent même déjà à quitter la pièce pour les acheminer à bon port. 

Vous hésitez encore quelques secondes, puis attrapez vous aussi un sac et commencez à le remplir d’objets à partir du tas devant vous. L’homme qui vous a si gentiment répondu et guidé jusque là vous observe du coin de l’œil et avec un petit sourire amusé se rapproche bientôt de vous.

 

– Euh, je vais juste te faire une petite remarque… si tu emmènes du tissu, tu peux bien remplir ton sac, je pense que tu arriveras à le porter… mais là, comme c’est des ustensiles de toute forme et poids, mieux vaut soupeser ton sac de temps en temps pour éviter d’avoir à le revider ensuite… Et puis, les plus lourds, tu peux les poser dans la brouette. Je la prendrai ce tour-ci avant de voir si elle peut être utile pour les autres…

– Oh, euh, bien sûr ! Tu as raison ! Merci !

 

Vous prenez bien en note ce qui vient de vous être dit et vous reprenez votre remplissage, tout en vous interrogeant. 

C’est étrange, pourquoi est-ce qu’il m’a dit ça ? Parce que c’est la première fois que je fais ça ? Ou parce que je suis une femme ? Si on me donne toujours des trucs légers à porter, ce n’est pas comme ça que je vais me muscler, moi…

 

Vous avez tôt fait de bien remplir le sac qui vous a été donné, mais comme vous ne savez pas par où partir, vous attendez que l’homme termine de compléter sa brouette.

Tant qu’à faire vous commencez à remplir un second sac, après tout, le but principal est de limiter le nombre de voyages.

 

Rapidement, vous constatez qu’il est prêt à partir. Il vous demande si vous l’êtes aussi pour qu’il vous montre le chemin. Vous vous hâtez de poser l’objet que vous venez de ramasser dans votre sac, puis empoignez fermement les deux, un dans chaque main.

 

Il vous regarde, amusé. Il a l’air de vouloir objecter quelque chose, sans doute demander si ça va aller pour porter ça à bout de bras, mais ne dit finalement rien et vous partez à sa suite dans le couloir qui s’ouvre sur votre droite…

 

Vous parcourez des couloirs, certains plus hauts, certains plus bas, serpentez sous une roche étincelante, comme si elle était mouillée. Vos mains prises par les sacs, vous ne pouvez la toucher pour vous en assurer. Vous écarquillez un peu plus les yeux devant chaque tronçon de couloir inconnu, vous étonnant encore malgré vous qu’on puisse habiter et se repérer si bien dans ce dédale…

Au terme d’un cheminement qui vous a semblé durer une éternité (vous comprenez mieux le regard qu’on vous a lancé avant de partir, vos sacs pesant au bout de chaque bras), vous entrez finalement dans une salle de pierre.

 

Celle-ci a l’air d’être rectangulaire, contrairement à celles que vous avez pu voir jusqu’à présent. Mais cela est peut-être dû aux étagères qui l’entourent et qui débordent d’objets métalliques en tout genre.

 

Au centre de la pièce, un grand autel, sur lequel une montagne de muscles est en train de frapper d’un puissant coup de marteau un morceau de métal incandescent pour lui faire prendre forme. 

 

– Je te présente Adinane, notre forgeron.